Le Fort de Genas (69740) abrite aujourd’hui un espace boisé d’environ 8 ha situé au cœur de la ville. Son histoire est complexe et semée d'embûches. Son avenir reste incertain.

Pendant la 2nde Guerre Mondiale, il est occupé par l’armée allemande qui y stocke plusieurs types d’obus et d’autres munitions anti-aériennes. Suite au retrait des troupes, le site est presque entièrement détruit en 1945. ll sera ensuite partiellement nettoyé et remblayé puis laissé en état de friche par l’armée française (source : georisques.gouv.fr). Plus tard, il sera démontré que des traces de munitions sont encore présentes dans l’emprise du Fort, présentant des risques d’explosion.

La société LENNE fait l’acquisition du terrain en 1959. Elle comble les différents fossés avec ses résidus de production issus de l’aluminerie jusqu’en 1992. A sa suite, des entreprises du BTP utilisent également le site comme décharge pour leurs déchets issus de chantiers de construction. Ces activités prennent fin au début des années 2000 avec l’acquisition du terrain par la mairie de Genas. Des prélèvements de sol sont réalisés et analysés en 1997 et 2010 et révèlent la présence de métaux lourds permettant de classer le site comme pollué. A cette époque, un remblai d’argile est positionné sur certaines zones suspectes afin de limiter l’évolution de la pollution.

Dès lors, plusieurs projets sont imaginés par la municipalité sans qu’aucun ne se concrétise. C’est en 2019 que les choses s’accélèrent avec la mise en application du nouveau PLU de la commune. Le site passe alors d’une classe Np Fv et Npf (lieu à protéger) en zone AUc (à urbaniser) malgré une mobilisation citoyenne relevée par le commissaire enquêteur et faisant l’objet d’une réserve dans le rapport d’enquête publique de 2018. Le projet d’OAP n°4 devient applicable et autorise jusqu’à 310 nouveaux logements dans l’enceinte du Fort. Lors de la réunion publique du 10/12/2018, M. le Maire convie les riverains et leur présente l’EPORA, établissement public spécialisé dans la revalorisation d’anciens sites industriels, qui sera chargé des études afin de qualifier les pollutions. La convention avec cette entité est actée fin octobre 2020.

C’est fin septembre 2021 que la Mairie demande, en conseil municipal, la résiliation de la convention avec l’EPORA mettant en cause des délais d’études trop longs. Cette collaboration aura tout de même permis au bureau d’études EGIS de produire une première étude historique et bibliographique du site et de préconiser d’établir un état initial du site. Lors de ce même conseil, il est acté que le Maire sera autorisé à mener des négociations à titre exclusif avec le cabinet GINKGO, pour présenter un projet de dépollution et d’aménagement pour le site du Fort.

Il en résulte qu’en 2022, hormis quelques sondages superficiels et un rapport historique et bibliographique produit par ce même bureau d’étude (non transmis par la Mairie), aucune étude approfondie relative à la pollution et au risque pyrotechnique n’a pu être réalisée. Les montants annoncés par la Mairie pour la dépollution du site (12 M€) s’avèrent basés sur des hypothèses non fiabilisées et dans un but de construction massive. Or, rien n’indique qu’une construction soit le meilleur moyen de traiter une hypothétique menace. Par ailleurs, des méthodes plus légères et moins coûteuses n’ont pas été évaluées.

En parallèle, une mobilisation citoyenne, associée à Inspire Genas, prend de l’ampleur. Son objectif est de préserver cet espace de nature (cf. pétition) à une époque où l’urgence écologique ne peut plus être contestée. En effet, l’artificialisation des sols, l’érosion de la biodiversité (faune & flore), le changement climatique sont autant de menaces pour les genassiens. A ce titre, l’intérêt que présente le Fort de Genas pour la ville, ses habitants et plus encore, a pu être démontré par diverses associations reconnues comme France Nature Environnement (FNE), la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), assistée par le Genas Club Nature (vidéo), ou encore Arthropologia, (cf. note suivante).